L'aulos
étrusque, la magudi indienne, l'arghoul égyptienne, la zummara arabe 1. Origine de la clarinette : Arghoul, Aulos ; 2. L'Ancêtre Direct de la Clarinette : Le Chalumeau - 3. Invention de la clarinette Par Johann Christoph Denner (Le Clarino) - 4. Origine et Première Apparition du Nom Clarinette (Klarinette) - 5. Perfectionnements de la Clarinette : Müller - 6. Adaptation du système Boehm à la clarinette : Klosé et Buffet - 7. Sax et la Clarinette Basse ; 8. La clarinette contemporaine - 9. Avenir de la clarinette. HISTOIRE DE LA CLARINETTE : ORIGINE ET ÉVOLUTION DE L'INSTRUMENT : Quelle est l'origine de la clarinette ? A qui attribuer son invention ? Quelle furent les étapes de son histoire ? De nombreux livres ont paru à toutes époques, mais aucun ne reprend l'histoire de la clarinette dans son intégralité depuis le tout début. Nous verrons dans ce bref exposé comment des instruments antiques à anches et à trous, comme l'Arghoul ou l'Aulos se sont progressivement perfectionnés au fil des siècles. Le chalumeau médiéval est l'ancêtre direct de la clarinette. Le nom de clarinette n'est apparu qu'au XVIIIème siècle. C'est grâce J-C Denner et ses inventions (clé de douzième, ajout d'un pavillon), puis I. Müller (qui la rend polytonale avec un système à 13 clés), enfin Y. Klosé et A.Buffet (adaptation du système Boehm de la flûte) que l'instrument a pu évoluer étape par étape jusqu'à la clarinette moderne. Nous allons essayer de vous raconter ici l'histoire de la clarinette. PRÉHISTOIRE DE LA CLARINETTE, AVEC SES LOINTAINS ANCÊTRES : AULOS, MAGUDI, ARGHOUL PREMIERS INSTRUMENTS À ANCHES BATTANTES DE L'ANTIQUITÉ Bien avant l'ère chrétienne, dans l'Egypte ancienne, en Grèce, en Inde, un peu partout dans le monde des instruments à vent, à anches et à trous existent déjà. Par exemple la magudi indienne, l'arghoul égyptienne, la zummara d'Arabie, la launeddas de Sardaigne, l'aulos et le monaule grecs, le tibia romain. PERCE CYLINDRIQUE Ce sont alors des instruments composés d'un tuyau cylindrique en roseau ou en os, percé de trous, pourvus d'une anche battante, simple ou double, dont le registre ne couvre qu'une ou deux octaves, mais dont on peut déjà apprécier le pouvoir émotionnel : L'anche donne à la musique des accents de voix humaine ! Certains d'entre ces instruments, précurseurs du hautbois et de la clarinette, présentent parfois plusieurs corps. Ce sont là de bien lointains ancêtres, mais probablement "dernier cri de l'époque". Car avec un peu de réflexion, nous verrons que l'up-to-date d'aujourd'hui sera obsolète demain dans le long cheminement du progrès humain. Ces très vieux aïeux sont à l'origine la plus reculée de la clarinette.
Le chalumeau (du latin calamus, roseau), désigne un instrument de musique ,rudimentaire à vent et à anche simple de roseau ou de buis utilisé dans la musique médiévale, tout particulièrement dans les musiques pastorales. On retrouve cet instrument ancien utilisé dans l'orchestration de l’Orfeo (1764) et dans l’Alceste italienne (1766) de Christoph Willibald Glück, compositeur d'opéra allemand de la période baroque. Par ailleurs, le chalumeau définit également aujourd'hui le registre grave de la clarinette, comme il caractérise par ailleurs un jeu d'anches à corps raccourci de l'orgue à tuyau. Il désigne aussi, mais cela n'a rien à voir avec la musique, un procédé d'assemblage thermo-chimique permanent de souder deux pièces métalliques. CHALUMEAU DESCRIPTION : UN INSTRUMENT RUDIMENTAIRE À ANCHE AVEC UN SEUL REGISTRE Le chalumeau du moyen-âge est un mince tube de buis, un bois blanc dur, et dont la teinte ambrée vient de la couleur de la cire. Le chalumeau est encore un instrument encore bien sommaire ! Il n'est alors percé que de seulement 8 à 9 trous. Son registre qui dépasse à peine l'octave, ne peut émettre que des sons fondamentaux. De surcroît, deux notes manquent à la gamme : le la et le si. Le chalumeau ne possède pas encore de pavillon. L'anche, incluse dans un petit tube, comme dans un mirliton, n'est pas en contact avec les lèvres - le musicien souffle par une sorte de tuyau - et émet ainsi un son sans beaucoup d'âme ni de caractère. La gamme du chalumeau est incomplète et par dessus le marché, les notes émises sont loin d'être justes ! Mais, instrument à perce cylindrique, le chalumeau parvient exceptionnellement à "quintoyer", à l'opposé des instruments à perce conique, comme le hautbois, et la flûte qui "octavient" ! Certes peu de musiciens de l'époque sont alors capables de réaliser la véritable prouesse du changement de registre, alors que l'anche n'est même pas en contact avec les lèvres ! Par une pression accrue du souffle, le "virtuose" parvenait probablement à passer à une sorte d'aigu, appelé alors clairon, à cause de son timbre proche de celui de la clarine, petite trompette usitée à l'époque. L'histoire de la clarinette va pouvoir débuter en Europe : car le chalumeau, instrument de la famille des anches, avec son anche simple et sa perce cylindrique, aussi rudimentaire soit-il,va être le parent direct de la clarinette. JOHANN CHRISTOPH DENNER, INVENTEUR DE LA CLARINETTE
Johann Christoph Denner né à Leipzig en août 1655 est mort à Nuremberg en avril 1707 Comment le chalumeau a-t-il donné naissance à la clarinette ? Qui a inventé la clarinette? Qui a créé la première clarinette ? Quand et comment cette clarinette primitive est-elle devenue un véritable instrument de musique ? L'invention de la clarinette est attribuée à Johann-Christoph DENNER vers 1690. Au début du XVIIIème siècle vers 1690, en perfectionnant puis révolutionnant le chalumeau, le facteur allemand Johann-Christoph DENNER (13 août 1655 Leipzig–20 avril 1707 Nüremberg) va créer un instrument à conduit nouveau, le "Clarino", authentique précurseur de la "clarinette". Cette paternité est contestée, car il ne reste aujourd'hui aucune preuve, mais elle semble plus que probable. AMÉLIORATIONS DU CHALUMEAU DE JOHANN CHRISTOPH DENNER D'abord, le facteur d'instruments à vent allemand apporte d'importantes améliorations au chalumeau : il élargit la perce et allonge l'instrument. Il remplace le tube rudimentaire du chalumeau par un bec où cette fois, l'anche, désormais ligaturée, entre maintenant en contact direct avec la lèvre supérieure.
L'INNOVATION CAPITALE DE JOHANN CHRISTOPH DENNER LA CLÉ DE DOUZIÈME Mais l'idée géniale de Denner est la trouvaille de la clé de douzième, qui permet à l'instrument de quintoyer, c'est à dire de stabiliser les harmoniques une octave et une quinte plus haut, en occultant les fondamentales (auxquelles le chalumeau était limité). OUVERTURE DE 2 PUIS 3 REGISTRES. Cette modification apporte alors un deuxième registre au chalumeau, le clairon avec des notes assurées et plus claires. En déplaçant deux clés déjà présentes sur certains chalumeaux, en ajoutant en haut une clé de La médium (jusqu'alors sous le tube), Denner remédie aussi en partie à la carence de notes manquantes. Enfin, en emboitant au corps cylindrique un pavillon vaguement conique, il donne à l'instrument la possibilité de jouer le Mi grave, note qui par quintoiement émettra le Si clairon. Ces améliorations successives métamorphosent l'ancêtre pastoral qu'était le chalumeau en un instrument nouveau, offrant cette fois-ci la possibilité de jouer la gamme et d'interpréter des musiques élaborées. L'histoire de la clarinette vient d'avancer à pas de géants ! Le clarino - car tel est le nom donné par Denner au nouvel instrument - véritable prototype de la clarinette vient de voir le jour, avec ses trois registres, le chalumeau, le médium et le clairon, qui s'étendent sur près de trois octaves. Malgré quelques notes encore absentes, le musicien peut désormais jouer une gamme diatonique quasi-complète et changer de registre sans discontinuité. Le "clarino", précurseur originel de la clarinette, s'inscrit ainsi comme le premier véritable instrument à anche à perce cylindrique.
Remarquez le bec, la clé de quintoiement, placée encore sur l'instrument, et le pavillon conique LES CLÉS DELA CLARINETTE DE JOHANN CHRISTOPH DENNER Les clés de clarinette de Johann Christoph Denner sont cependant bien différentes des clés contemporaines : La clé de La est en effet placée alors sous l'instrument (à l’inverse de celle de la clarinette d’aujourd’hui) ; la clé du dessus utilisée seule donne le si bémol, et il faut ouvrir conjointement ces deux clés pour obtenir le si clairon, ouvrant l'accès à ce registre. Le "Clarino" ou première "clarinette" de Denner a alors huit trous, deux clés et un pavillon... ORIGINE DU NOM "CLARINETTE" (KLARINETTE) Comme son père, Jacob Denner était connu dans tout le pays pour l'extraordinaire qualité de ses instruments. LA PREMIÈRE CLARINETTE ? Jacob est illustre pour ses flûtes, et n'apporte à vrai dire qu'une amélioration mineure au clarino. Mais dans les années 1700, il allonge encore le tube cylindrique et désigne son instrument du terme originel de "Klarinette". On trouve en effet pour la première fois le nom de "Klarinette" dans les archives de la ville de Nuremberg en 1710, lorsque l’orchestre de la ville achète 4 clarinettes en buis à Jakob Denner. .La clarinette est inventée à la fin du XVIIème siècle : peu de compositeurs utilsent alors encore l'instrument, Accordée en ré comme la trompette, la première "clarinette" est alors employée par Molter dans ses concertos pour clarinette en ré ; Vivaldi dans trois de ses concertos vers 1720 ; puis c'et Haendel dans son Ouverture HWV 424 avec deux clarinettes en 1744 ; Enfin, Rameau dans ces années vers 1750. Selon de nombreuses sources, la clarine, petite trompette du XVIIIe siècle, aurait suggéré le nom de "clarino". À cause d'une certaine ressemblance de timbres, justement dans le registre du clairon ? D'autres sources avancent l'étymologie plus probable de "Clarin", nom provençal du hautbois, lui même venu du latin "clarus", clair. Après... du "Clarino" de Johann-Christoph Denner à la "Klarinette" de son fils Jakob, il n'y a que le pas d'une génération ! Le suffixe "ette" aurait alors été ajouté pour distinguer le nouvel instrument de la "clarine". Quoi qu'il en soit le fait que la clé de douzième ait permis en quintoyant d'atteindre le registre du clairon a eu son importance dans la dénomination de l'instrument. PERFECTIONNEMENTS DE LA CLARINETTE : INSTALLATION DE TROIS, CINQ PUIS 6 CLÉS
L'effort de perfectionnement de la clarinette va se porter sur le nombre de clés et la justesse. CLARINETTE DE BARTHOLD EnAllemagne Fritz Barthold allonge encore le corps de l'instrument et ajoute une troisième clé vers 1740. Dans les années 1760, la clarinette se répand largement dans toute l’Europe, et même dans les grandes villes d’Amérique : la clarinette est encore peu commode, et il ne faut pas moins de 7 instruments au "clarinettiste" pour pouvoir aborder toutes les tonalités. Vers 1780, la plupart des orchestres comptaient deux clarinettes permanentes. En France Geist fabrique une clarinette en ré à 4 clés vers 1760, Des clarinettes à 5 clés apparaissent en Angleterre en 1770, puis des instruments en sib et la plus tard dans l’orchestre de Mannheim. CLARINETTE DE BEER ET LEFEVRE Puis Joseph Beer, et Xavier Lefèvre posent encore de nouvelles clés, offrant ainsi à la clarinette des notes supplémentaires. C'est ainsi que la clarinette passe à de cinq à six clés à la fin du XVIIIème siècle. LA CLARINETTE ET LES COMPOSITEURS À LA PÉRIODE CLASSIQUE Au début de la période classique Johann Stamitz écrit un Concerto pour clarinette en sib majeur ; Johann Melchior Molter écrit six concertos pour clarinette (clarinette en ré à 3 clés). Puis ce sont Karl Stamitz, Johann Baptist Vanhal, Leopold Kozeluch, Franz Anton Hoffmeister, Ignaz Pleyel qui composent leurs concertos. A noter une sonate pour clarinette de Gregorio Sciroli en 1770. Mais c'est W.A. Mozart qui s'impose et impose la clarinette tant en solo (Concerto pour clarinette en la majeur, KV 622) que dans tous ses opéras à partir d’Idomeneo, ainsi que dans ses symphonies No 31, 35, 39 et 40, ses concertos pour piano No 22, 23 et 24, ou encore dans ses œuvres de musique de chambre. Mozart était amoureux de la clarinette, dont il comparait le timbre à celui d'une voix humaine. À la fin du XVIIIème siècle, époque la clarinette n'a pas encore développé ses possibilités chromatiques et ne joue alors que dans une tonalité. MOZART ET LA CLARINETTE COR DE BASSET
Remarquez l'apparition des clés supplémentaires. ENTREE DE LA CLARINETTE AU PUPITRE DES BOIS Vers 1778 les clarinettes font alors avec MOZART, une entrée remarquée dans la section des bois de l'orchestre. À cette époque, les clarinettistes utilisent des corps de taille différente pour changer la tonalité de l'instrument, et celui-ci fabriqué toujours en buis. CONCERTO POUR CLARINETTE EN LA MAJEUR K.622 En 1791 MOZART écrit l'un des ses plus grands chefs-d'œuvre, Le Concerto pour clarinette en la majeur K 622. ANTO STADLER Le clarinettiste Anton STADLER, grand ami de MOZART, contribue à la mise au point de la clarinette corps de basset, qui permettra d'interpréter l'œuvre. Il réalise la prouesse de jouer en concert ce sublime concerto sur cet instrument encore bien imparfait. THEODOR LOTZ Theodor Lotz (1748-1792), qui mit au point la clarinette de basset, était compositeur, clarinettiste et aussi facteur d’instruments. Compagnon de loge de Mozart, il apporta d’importantes innovations techniques a ses clarinettes et cors de basset, positionnant probablement pour la première fois l’anche sur la lèvre inférieure. Sa clarinette en si bémol en buis comporte alors six viroles d’ivoire et cinq clefs de laiton. À l'époque de Mozart, la clarinette commence par ailleurs a être utilisée dans la musique militaire et à connaître une large diffusion. LA CLARINETTE DE MÜLLER, DES AVANCÉE DÉCISIVE
Remarquez les cerclages en ivoire et encore de nouvelles clés métalliques INNOVATIONS DE MÜLLER En 1810, Iwan Müller, clarinettiste et compositeur d'origine estonienne arrive à Paris. Compositeur, clarinettiste et inventeur, il est à l'origine d''importantes avancées dans le perfectionnement de la clarinette : TAMPONS DE CUIR ÉTOUPÉ Le tampon de cuir rembourré de feutre, permet d'accroitre le nombre de clés. À l’époque, en effet, les clés plates en laiton de la clarinette étaient munies seulement de cuir pour un bouchage des trous plus ou moins approximatif. CLARINETTE ALTO À 10 CLÉS Raccourcissant le corps, Müller réalise la première clarinette alto en mib qui possède alors 10 clés, et permet d'interpréter les concertos de Weber. CLARINETTE À 13 CLÉS : ENFIN LA GAMME CHROMATIQUE COMPLETE En 1812 Müller perfectionne encore considérablement l'instrument : il la rend polytonale en la dotant d'un système à 13 clés. C'est un nouveau pas extrêmement important. Le prototype de Müller permet désormais de jouer avec facilité la gamme chromatique complète, ce qui n'oblige plus à changer sans cesse de clarinette au cours d’une œuvre. Car rappelons le encore une fois, un seul instrument ne pouvait suffire à jouer dans une clé donnée. (voir le perfectionnement du tempérament) ! C'est la clarinette à 13 clés, avec des tampons de laine recouverts de basane, (plus étanches que les derniers utilisés) qui peut boucher les trous difficiles d'accès ; Müller conçoit le support de pouce en métal. Il invente aussi la ligature métallique à vis. Müller publie alors une méthode agrémentée de conseils à l’usage des facteurs. Malgré ces indiscutables progrès, l'innovation de Müller est rejetée par le conservatoire de Paris en 1815 : les professeurs de l'institution argüent que la famille des clarinettes conserve toute sa raison d'être pour l'intérêt de la sonorité propre à chaque instrument ! Dieu merci, les nouveautés de Müller qui facilitent tant la tâche des clarinettistes finissent par s'imposer, et elles aboutissent même par donner à la clarinette un regain d'intérêt. BÄRMANN RETOURNE LE BEC DE LA CLARINETTE Toujours en 1810, le clarinettiste allemand H.J. Bärman a l’idée intelligente de retourner le bec avec l'anche en dessous, positionnée désormais sur la lèvre inférieure, afin de mieux maitriser l'émission sonore et donnant ainsi plus de souplesse aux articulations. Car vers 1820, Français et Anglais jouent encore avec l’anche en haut, alors que les Allemands jouent déjà avec l’anche en dessous. Ce n'est que lorsque Friedrich Beer, devenu professeur au Conservatoire de Paris en 1831, que l'usage de l’anche placée en contact avec la lèvre inférieure devient universel : le principe une fois adopté par le Conservatoire de Paris, il conquiert peu à peu le reste du monde. A cette époque, la clarinette est encore "percée" en fonction de l'écartement naturel des doigts, engendrant des notes parfois sourdes ou trop brillantes. Le mécanisme des clés présente souvent de telles difficultés qu'il interdit pratiquement au clarinettiste de transposer et justifie toujours l'emploi de clarinettes en ut, sib (si bémol) et la. SYSTÈME ÖHLER Les avancées de Müller seront exploitées par la suite dans le système Öhler, qui est adopté et perdure en Allemagne aujourd'hui. MATÉRIAU DE LA CLARINETTE Les clarinettes à l'époque sont confectionnées en bois de buis et ce depuis près de deux siècles. Mais le buis fend facilement. Aussi l'ébène, bois tropical dur, dense, lourd et imputrescible va commencer à le remplacer à partir de 1830. L'ajout de trous et de clefs et les perfectionnements vont se multiplier. Et une innovation spectaculaire va encore révolutionner la clarinette : l'adaptation du système Boehm. BERLIOZ : LA SYMPHONIE FANTASTIQUE En 1830, Hector Berlioz compose sa Symphonie fantastique pour une clarinette en ré, instrument presque obsolète aujourd'hui. LE SYSTÊME BOEHM DE LA FLÛTE ADAPTÉ À LA CLARINETTE
Remarquez les anneaux et les nouvelles clés permettant de jouer dans toutes les tonalités Une innovation capitale va permettre l'apparition de l'instrument moderne : le système Boehm avec ses axes et ses anneaux va être adapté à la clarinette Hyacinthe Klosé, professeur de clarinette au conservatoire de Paris et Auguste Buffet. THEOBALD BOEHM Le système Boehm est inventé en effet en 1831 par le flûtiste allemand Theobald Boehm (1794-1881. Les flûtes depuis le moyen-âge étaient en bois, avec des trous étroits, ne permettant pas l'émission un son puissant, et seulement huit clefs. Boehm dote sa flûte en métal de trous plus larges et installe un système de clefs et d'anneaux mobiles montés sur des axes. L'idée de Boehm était que la fermeture d'un trou puisse commander une clé placée sur un autre trou, facilitant ainsi tous les doigtés. Son système de clés et anneaux mobiles révolutionna l'instrument. KLOSÉ ET BUFFET METTENT AU POINT LA CLARINETTE À 17 CLES ET 6 ANNEAUX Vers 1844, c'est à l'initiative de Hyacinthe Klosé, professeur au Conservatoire de Paris, né en Grèce en 1808,et mort à Paris en 1880, que le facteur français Auguste Buffet (1789-1864) va adapter à la clarinette le système d'anneaux mobiles de Theobald Boehm : Des anneaux de maillechort reliés entre eux par une tige sont agencés autour des trous. Maintenus sur leurs axes par un jeu de tiges, boules, ressorts et vis, ils interagissent avec d'autres clés portant des tampons et peuvent ainsi boucher des trous jadis inaccessibles. Le célèbre clarinettiste (professeur au conservatoire de Paris, grand concertiste, surtout connu des jeunes élèves pour sa fameuse "Méthode complète de Clarinette") fait adjoindre également 4 clés sur le corps supérieur pour remédier à des doigtés de trilles jadis impossibles, ainsi qu'un barillet, pour améliorer la justesse de l'instrument. BUFFET INVENTE LES BOULES ET RESSORTS A AIGUILLE Car l'autre innovation importante est celle d'Auguste Buffet, avec son invention du système de boules et ressorts à aiguille : Les anneaux et clés s'abaissent ou se soulèvent grâce à des ressorts, facilitant considérablement le confort de jeu de l'instrumentiste. Un système de correspondance permet d'accoupler les anneaux des deux corps de la clarinette. Cette clarinette à 17 clés et 6 anneaux est brevetée en 1844 par le français Auguste Buffet, fondateur de la future fabrique de clarinettes Buffet-Crampon... Justesse et qualité sonore sont transformées, les doigtés "de fourche" oubliés. Le look de l’instrument en bénéficie aussi avec ces petites boules métalliques supportant ressorts, vis et axe des clés. On n'est pas loin désormais de la clarinette moderne. En marge des innovations de l'école française, deux autres systèmes coexistent : le système Oehler en Allemagne et le système Albert en Europe centrale, en Turquie. Ce système Albert est également très apprécié dans le jazz Dixieland. ÉCOLE ALLEMANDE SYSTÈMES OEHLER
SYSTÈME ALBERT Le système Albert (1816-1890) à 13 clés et 3 anneaux seulement, développé en Belgique perfectionne légèrement celui de Müller. Au dire de grands clarinettistes de jazz Nouvelle-Orléans américains, il donnerait une meilleure sonorité à la clarinette, plus proche de la voix humaine, avec des trous et des clés positionnés différemment sur l'instrument. Ce n'est pas notre avis, la clarinette Albert a un son dense, mais moins rond et moins velouté, voire un peu trop éclatant. Le système Albert se voit remplacé de plus en plus par la clarinette système Oelher de l'école allemande. Le système Albert demeure cependant encore utilisé en Angleterre, Russie, Europe centrale et Turquie. LES DEUX GRANDES ÉCOLES DE CLARINETTE La différence entre les instruments et la spécificité de style des clarinettistes enseignés dans divers pays, a conduit à la fin du 18ème siècle, à la fondation de plusieurs écoles de clarinette. Lesdeux écoles les plus connues sont : - L'école germano-viennoise qui privilégie les anches dures et les ligatures souples pour un son rond et dense. - L'école française, centrée autour des clarinettistes du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, qui privilégie les anches souples et les ligatures métalliques pour un timbre plus aérien et expressif. CLARINETTES DE L'ÉCOLE FRANÇAISE LES PLUS UTILISEES DANS LE MONDE Comme les clarinettes système Oeler ou Albert présentent l'inconvénient d'une moins grande aisance de jeu, c'est la clarinette de l'école française qui est actuellement la plus utilisée dans le monde. Les facteurs de clarinette Buffet-Crampon, Leblanc ou Selmer ont encore de beaux jours devant eux, à condition bien sûr de continuer à innover ! GRANDS COMPOSITEURS D'ŒUVRES UTILISANT LA CLARINETTE Estienne Roger. J. Ph. Dreux compose des "Airs pour 2 clarinettes ou deux chalumeaux". Jean-Baptiste Lully compose un menuet en ré mineur, un menuet en ré majeur. En 1716 Antonio Vivaldi double ses hautbois dans deux de ses concertos pour clarinette ; il enrichit de deux clarinettes son oratorio Juditha triumphans, puis dans de nombreux concertos (RV 556, RV 559, RV 560). En 1720, à Anvers, Jean Adam Faber introduit la clarinette dans l'orchestration d'une messe .Jean-Philippe Rameau (1683-1764) utilise la clarinette en 1750 dans sa tragédie lyrique Zoroastre puis dans Acanthe et Céphise (1751). Puis c'est George Friederic Haendel (1685-1759) qui compose pour clarinettes et corne de chasse : "Ouverture en ré majeur HWV.424, pour 2 clarinettes et cor de chasse" (1740). Suites, Sonates. Concertos. Johann-Christian BACH (1735-1782) aurait écrit plusieurs œuvres pour clarinette - entre baroque et classique - à Londres en 1751. Christoph Willibald Glück (1714-1787) utilise la clarinette en 1767 dans son opéra Alceste. Johann Stamitz (1717-1757) écrit son concerto pour clarinette. Une innovation : la clarinette en si bémol est utilisée pour la première fois, étendant son registre sur plus de trois octaves !Le compositeur Napolitain Gregorio Sciroli (1722–1781) compose la première sonate pour clarinette. Joseph Haydn (1732-1809) compose trois trios pour clarinette, violon et violoncelle et l'introduit dans quelques unes de ses dernières symphonies.Georg Friedrich Fuchs, (1752-1821) compositeur français d'origine allemande, qui a appris à jouer de la clarinette dès son plus jeune âge, nous laisse d' abondantes pages, dont un concerto en si bémol pour clarinette et orchestre et des symphonies concertantes pour clarinette, flûte, cor et orchestre. Giacomo Meyerbeer (1791-1864) utilise pour la première fois la clarinette basse dans son opéra Les Huguenots de Giacomo. On notera aussi les noms de Johann Baptist Vanhal, Franz Xaver Pokorny, Anton Hoffmeister, Ignaz Peyel, Leopold Kozeluch, Heinrich Backhofen, Franz Tausch, John Mahon, Jean-Xavier Lefèvre, Franz Krommer, Joseph Beer, Michel Yost. Mais le summum de la clarinette à la période classique, c'est Mozart qui l'inclura dans presque toute son œuvre : Tous les opéras de Mozart à partir d'Idomeneo Re di Creta K.366 incorporeront cet instrument. Il en va de même pour la plupart de ses concertos pour piano et ses symphonies. Parmi les œuvres les plus remarquables pour clarinette de Mozart il fautnaturellement retenir l'adagio de son Concerto pour clarinette en la majeur, K.622 ébauché en 1787 et qu'il termina à Vienne pour son ami Stadler en 1791. Mozart orchestre la clarinette dans "trois sérénades pour vents", le "quintette pour vents et piano, le quintette en la pour clarinette, et le fameux trio "des quilles" avec alto et piano. La clarinette s'installe vers 1824 dans l'orchestre avec Beethoven dans sa 9ème symphonie, et s'établit définitivement dans l'orchestre philharmonique à la fin du XIXème siècle, grâce notamment à des compositeurs de l'école française comme Maurice Ravel et Darius Milhaud. La musique romantique du XIXe siècle fait appel à la clarinette tant comme instrument d'orchestre que comme instrument soliste. Ludwig SPOHR - Franz SCHUBERT - Carl Maria Von WEBER - Hector BERLIOZ - Richard STRAUSS - Felix MENDELSSOHN - Robert SCHUMANN - Richard WAGNER - Johannes BRAHMS - Max-Christian BRUCH - Charles-Marie WIDOR... ont tous intégré la clarinette à leur œuvre. La clarinette est très utilisée dans la musique moderne du XXème siècle. Les principaux compositeurs de cette période ont pratiquement tous écrit pour clarinette : Camille SAINT-SAËNS - Claude DEBUSSY - Maurice RAVEL - Igor STRAVINSKI - Edgar VARESE - Arthur HONEGGER - Darius MILHAUD - Arnold SCHÖNBERG - Alban BERG - Francis POULENC - Georges GERSHWIN - Dimiti CHOSTAKOVITCH - Olvier MESSIAEN - Anton WEBERN. Depuis la moitié du XXe siècle , la clarinette s'incorpore naturellement dans la musique contemporaine. On retiendra les noms de : John CAGE - Iannis XENAKIS - György LIGETI - Pierre BOULEZ - Karlheinz STOCKHAUSEN - Luciano BERIO - Krzysztof PENDERECKI. Sans adhérer obligatoirement à leur œuvre. LA CLARINETTE MODERNE ET SON AVENIR
Remarquez les 19 clés, la clé de correction de Fa grave et l'absence de cerclage du pavillon On peut dire que la clarinette moderne est au point. La clarinette contemporaine satisfait l'étendue des besoins de l'orchestre, et techniquement ça marche plutôt bien. Certes on a toujours de petits problèmes avec les tampons, les anches, et l'ébène qui fend encore, mais tout ça s'améliore. NOUVELLES TECHNOLOGIES POUR LA CLARINETTE De nouvelles technologies sont en cours pour améliorer la justesse et l'homogénéité sur toute l’étendue de l’instrument, et accéder à un meilleur équilibre sonore : des simulations et optimisations numériques vont permettre de déterminer la position et le diamètre idéal des trous. Les fabricants étudient avec l'l’IRCAM la dissection des harmoniques impairs des clarinettes pour l'embellissement du timbre en travaillant sur forme ou diamètre de la perce. La fabrication de corps en matériau composite (5% fibre de carbone + 95% poudre d'ébène) garantit des instruments qui ne fendent plus à l'l'humidité, ou aux changements de température (série Green-line de Buffet-Crampon). Cette clarinette est aujourd'hui la préférée du New York Philharmonic ; Buffet-Crampon utilise désormais l’impression 3D pour prototyper de nouveaux modèles de clarinettes. CLARINETTE TOSCA BUFFET-CRAMPON
L’utilisation de nouveaux matériaux comme le Goretex ou le liège synthétique préserve les tampons sensibles de la condensation : le lièges des tenons remplacé par un liège synthétique en polymère, ne se rétracte pas, ne s’use pas facilement et reste étanche ; Le repose pouce réglable améliore le confort ; la duplication de la clé de sol# grave ; l’ajout d’une clé de correction du fa grave et du mi grave permet une plus grande justesse (clarinette TOSCA de BUFFET-CRAMPON à 19 clés).
LA CLARINETTE AU XXI ème SIÈCLE - LA CLARINETTE DE DEMAIN Aujourd'hui, la facture (fabrication) de clarinette continue à évoluer. Evolution moins spectaculaire que dans les technologies informatiques musicales novatrices, synthétiseurs, VSTi et autres secteurs de pointe high-tech. Mais il est dans la nature de l'homme d'inventer, ne serait-ce que pour améliorer le "design" : un "look technologique" est proposé aux nouvelles clarinettes, désormais nimbées d'aluminium anodisé teinté... Le clétage s'habille de céramique translucide. (Clarinettes GL métal de Buffet-Crampon. Pour confirmer le coté "high-tech", le son est évidemment "nickel" ! Le fabricant a recours désormais à l’impression 3D pour prototyper de nouveaux modèles de clarinettes (Clarinette Cagima). Qu'en sera-t-il alors dans cinquante ans ? Eh bien, les dernières avancées d'aujourd'hui, si rassurantes sur leur allure technologique contemporaine seront complètement démodées !
Des instruments de musique s'apparentant à la clarinette basse par un diapason plus grave ont été conçus à la fin du XVIIIe siècle, une trentaine d'années après l'invention de la première clarinette de Denner. La clarinette basse fait son entrée dans l'orchestre symphonique dès les années 1770 à peu près à l'époque de Mozart. En 1836 Giacomo Meyerbeer compositeur d'opéras, l'utilise dans "Les Huguenots", se risquant même à un solo au cinquième acte. Au XIXe siècle, durant la période romantique la clarinette basse s'est imposée et l’orchestre symphonique l'emploie en permanence. En 1829 J.C. Streiwolff invente une clarinette contrebasse. CLARINETTE BASSE : LES INNOVATIONS D'ADOLPHE SAX Après des années de lente évolution, au XIXème siècle la clarinette basse profite en effet d'améliorations décisives due au belge Adolphe SAX dans les années 1830 : LA TECHNIQUE DU SAXOPHONE ADAPTÉE À LA CLARINETTE BASSE ce brillant clarinettiste et facteur d'instruments, inventeur du saxophone, mais aussi d'une multitude d'autres instruments, qui sera le rival héréditaire d'Auguste Buffet, initie le pavillon recourbé en cuivre, et dote l'instrument d'une tessiture plus large. C'est à Adolphe SAX en effet que l'on doit à cette époque des améliorations radicales sur la clarinette basse, en développant le registre grave de l'instrument et améliorant le rendu sonore. En 1835, il présente à Bruxelles une clarinette en buis à 24 clefs, et trois ans plus tard, il fait breveter sa première grande invention : un "nouveau système de clarinette basse, contrebasse et bourdon" réel précurseur de la clarinette basse moderne. Son brevet est déposé en 1838. La clarinette basse complète alors la famille des clarinettes, satisfaisant dès lors tous les besoins de l'orchestre jusqu'à la moitié du XXème siècle. En 1851, Adolphe Sax dépose un brevet de clarinette contrebasse en mi, fabriquée entièrement en cuivre. La justesse de l'instrument est préservée par la présence d'un tube élargi au niveau du bec et très légèrement resserré vers la culasse. LA CLARINETTE BASSE :INSTRUMENT SOLISTE À partir de 1930, la clarinette basse commence à s'afficher comme instrument soliste aussi bien en musique classique contemporaine que dans la musique de jazz : Anton Webern l'utilise dans sa musique de chambre, et Othmar Schoeck écrit en 1931 la première sonate pour clarinette basse et piano. LA CLARINETTE BASSE DANS LE JAZZ La clarinette basse apparaît dans le jazz vers 1960 avec des jazzmen comme Eric Dolphy, Jimmy Giuffre, puis dans les années 2000, avec des musiciens comme Michel Portal, Klaus Gesing ou Louis Sclavis. LE SAXOPHONE Le travail d'Adolphe Sax sur la clarinette débouchera sur l'invention d'un instrument nouveau, le saxophone, breveté à Paris le 21 mars 1846. Si Auguste Buffet fondateur de la firme Buffet-Crampon restait leader sur le marché de la clarinette haut de gamme, SAX demeurait toujours premier sur celui du saxophone. DÉVELOPPEMENT DU GROUPE DES CLARINETTES BASSES Signalons également au début du XXème siècle le développement de la famille des clarinettes basses avec la mise au point de la clarinette contrebasse, longue de 2, 31 m. par Léon Leblanc. Le facteur d'instruments a même conçu une clarinette octocontrebasse, mais qui n’a pas encore été utilisée.
On trouve naturellement beaucoup d'ouvrages sur la clarinette, et bien entendu sur Internet : Au premier rang les méthodes et manuels d'apprentissage. Viennent ensuite les partitions et autres livrets et Song-books. LA CLARINETTE ET SON HISTOIRE EN LIVRE Mais il y a beaucoup de livres pour ceux qui voudraient en savoir plus sur l'Histoire de l'instrument, Comment apprendre la clarinette, Comment est fabriquée la clarinette, ou encore quelles sont les œuvres écrites pour clarinette par les grands compositeurs. Parmi les dizaines de livres parus sur la clarinette, nous en avons sélectionné un : "La Clarinette : à la découverte d'un instrument" (édition Gautier-Languereau) - Ce livre, de Barrie Carson Turner, richement illustré, explique le fonctionnement de la clarinette, raconte son histoire au cours des siècles, détaille les étapes de sa fabrication, et répertorie la famille des clarinettes. Rien de plus que sur les sites de clarinette bien faits... si ce n'est le CD inclus avec des extraits d'œuvres pour clarinette de grands compositeurs : Mozart, Beethoven, Mendelssohn, Crusell, Weber, Rossini, Spohr, Schumann, Brahms et Reger : l'écoute est effectivement ce qu'il y a de mieux pour découvrir un compositeur ! On trouve par ailleurs en librairie de très nombreux ouvrages dédiés à la clarinette : L'évolution de la clarinette par Jean-Marc Fessard ; Clarinette par Jack Brymer (edition Hatier) ; À propos de... la clarinette par Guy Dangain (édition Gerard Billaudot) ; Voyages en clarinette par Yves Didier, Michel Lethiec et François Sauzeau ; Clarinette, mon amie par Ernest Ferron (édition International music diffusion) ; La clarinette a six clés, un jeu de clarinettes du facteur parisien Jean-Jacques Baumann par Jean Jeltsch (éditions J.M. Fuzeau)... La plus belle citation sur l'instrument : "J’étais hier soir à l’Opéra de Mannheim – J’étais assis au-dessus de l’orchestre – Il y avait tout un ensemble d’instruments à vent – Parmi ceux-ci, deux clarinettes – Père, vous ne pouvez imaginer la beauté du son de la clarinette ! ... Si seulement nous avions aussi des clarinettes ! Vous ne pouvez pas imaginer la sonorité ainsi produite dans une symphonie par le mélange des flûtes, hautbois et clarinettes". Voilà comment Mozart exprimait son emballement pour la clarinette (lettre adressée à son père, du 3 décembre 1778). Et aussi, la citation de Jean-Christian Michel : "En prolongeant le souffle humain, la clarinette apparaît plus qu'aucun autre instrument de musique, celui qui permet d'exprimer les plus infimes nuances des interrogations de l'âme", celles-là-même de l'expression de vie".
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